lundi 8 décembre 2008

Cancer du sein : "Il faut associer le compagnon à la traversée de la maladie." "Viva Magazine"

Interview du Dr Maryvonne Bagur-Soulier, oncologue, spécialisée en psychologie, Montpellier

Quel public recevez-vous ?

Les femmes atteintes d’un cancer du sein et qui vont subir une ablation puis une reconstruction mammaire. A leur demande, je leur propose un accompagnement psychologique lors d’une rencontre hebdomadaire avec une équipe pluridisciplinaire qui compte un kinésithérapeute et des infirmières.
Comment se déroule t-elle ?

Nous ouvrons la discussion avec la patiente mais également avec son compagnon que nous invitons à l’accompagner. C’est l’un des moments privilégiés où la parole lui est donnée dans ce qui est une épreuve pour la femme mais aussi pour le couple.
Comment la femme vit-elle sa maladie ?

Elle subit un double traumatisme : le diagnostic de cancer et la perspective de l’ablation du sein. Malgré la somme d’informations reçue, elle a besoin de comprendre et pour cela il faut du temps. Ensemble, nous reprenons toutes les explications à travers des schémas et des photos pour l’ aider à visualiser les futures cicatrices, par exemple. « Comment ça va se passer dans mon corps, dans mon psychisme, comment vais-je le vivre ? » s’interroge-t-elle légitimement.
Alors, nous anticipons, nous la préparons aux différentes étapes de l’opération, de la reconstruction car ce qui fait le plus peur, c’est l’inconnu.
Quel peut-être le rôle du compagnon ?

A chaque étape, Il est essentiel : les premiers regards, les premiers touchers qu’il porte sur le sein en reconstruction mais aussi sa participation aux massages, à la rééducation de sa compagne . Le sein est très investi et ce cancer féminin entraîne parfois implosion du couple, certains hommes étant incapables d’assumer le changement physique et le bouleversement psychologique de leur compagne. D’où l’importance de parler, d’échanger dans un cadre rassurant, avec une écoute neutre pour éviter que l’incompréhension et les malentendus s’installent sur le plan affectif et sexuel.
Et les enfants, que leur dire et comment ?

Il faut leur parler car ils ont des antennes, ils sentent tout. Si les parents se taisent, les enfants vont imaginer le pire. Nous aidons les parents à trouver le bon moment et les bons mots pour expliquer ce qui arrive à leur mère, à la famille.

[08.12.08]
- Florence Quentin

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